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mardi 2 octobre 2012

Le nationalisme et la nouvelle scène musicale Algérienne





"Ana Djazairi", "Bladi" ou encore "1.2.3 Viva l’Algérie" ...Non ce n'est pas les slogans des prochaines élections communales, mais bel et bien quelques "tubes" produits par une nouvelle génération d'artistes algériens, ou ce qu'on appelle communément : La nouvelle scène musicale Algérienne.

Une nouvelle génération, post décennie noire…qui a su s'imposer à coup de rimes et de riff, de "j'aime" et de "tweet" ! en mélangeant les genres, les couleurs, entre tradition et modernité , racines et universalité.
Une éruption de groupes de fusion, de chanteurs et de chanteuses qui ont cette ambition -assumée ou non- de succéder à des Cheb Hasni, Kamel Messaoudi ou encore Matoub Lounes.

Mais voilà, sur fond de guerre civile, Hasni chantait l’amour, Messaoudi l'espoir et Matoub militait à travers ses textes engagés, et malgré la différence des genres, tout ces artistes avaient un point commun, l'originalité.
Avec du recul on constate maintenant que malgré la violence des années 90, notre culture musicale est restée intacte à travers des textes comme la merveille de Yacine Ouabed "Ya eddenya" ...la chanson algérienne n'avait pas besoin à l'époque d'une carte d'identité labellisée.

Paradoxalement, la génération Internet n'a pas suivi la même trajectoire, s'inspirant généralement des groupes "offshore" qui ont marqué le début des années 2000 tels que Gnawa diffusion, la nouvelle scène musicale algérienne trouve son essence dans les milieux estudiantins, les scènes qui propulsent les différents groupes sont souvent une occasion pour fêter une fin d'année, collecter des fonds pour une association ou vendre des boissons énergétiques ... bref, une foire du "chti7 we rdi7" où la chanson à texte avait rarement sa place.

Heureusement qu'il y a toujours les "revenants" pour booster l’élan artistique en Algérie, et c'est un ex-futur chanteur engagé qui lance la mode de la nouvelle chanson patriotique, à l'époque sortait sa très belle chanson "Algérie mon amour" véritable déclaration, chantée par une pléiade d'artistes algériens exilés ...
Et Baaziz, qui à l'époque était interdit d'antenne, se voit diffusé massivement à la veille des échéances électoralistes ou des fêtes nationales ... récupération pour les uns opportunisme pour les autres, le cas "Baaziz" fait toujours débat et rebondit de polémique en polémique, quoi que son coté subversif et auto-dérisoire l'a toujours sauvé ... "Gaa bandia wlad lahram".

Mais en moins subtil et surtout en moins drôle, on assiste ces dernières années à un phénomène musical qui ressemble à un mouvement spéculatif à l'annonce d'une bonne nouvelle, des groupes semi-amateurs "bouleversent" les ondes des radios nationales, de jeunes visages apparaissent sur "l'unique", "ses sœurs" et "ses cousines" du Nilsat , chantant l’Algérie, la Patrie, la révolution d'un air conformiste et d'une harmonie politiquement correcte ... c'est la Deriassa attitude V2.0.

Le phénomène ne s'arrête pas là : Fin 2009, l’Algérie se qualifie au mondial et une autre mode explose, les chants des stades ... ces groupes d'adolescents dont l'expérience musicale se limite à voir une table de classe de CEM en Derbouka, et désormais les expressions Oum Dermane, Baltaguias ou encore Boum Antar Yahia! font partie intégrante de ces chants nationalistes modernes.

Une évolution à la fois sporadique et disproportionnée d'un phénomène qui, certes enrichit le paysage artistique algérien, mais tend souvent à homogénéiser négativement la création musicale populaire; à croire qu'écrire une chanson nationaliste est un passage obligé pour avoir droit à une petite visibilité dans des médias contrôlés par une tutelle qui étatise et politise chaque note et chaque demi ton.
Il y a internet certes, mais avec un taux de pénétration qui frise le ridicule pour un aussi grand pays, ce n'est pas demain que nos artistes pourront se lancer indépendamment du "circuit conventionnel".

Heureusement qu'il y a des exceptions partout et dans tout, et parmi ces artistes, une grande partie possède un talent indéniable et une marge de progression énorme, seulement ... ce nationalisme musicale qui se substitut à la création artistique pure, spontanée et populaire, constitue un énorme frein au développement de la nouvelle scène musicale Algérienne.


Yacine Adel